NANCY
MUSÉE LORRAIN NANCY
Etude : 2013
Réalisation : 2013
Surface :
Coût :
Maître d'ouvrage : VILLE DE NANCY
Architectes : RCR-BEAUDOUIN-HUSSON
Architectes assistants : GILLES TREGOUET, ALEXANDRE CAZZOLA, CHARLES SIGNE

Projet de concours pour le Musée Lorrain à Nancy par l’atelier BeaudouinHusson en association avec RCR, Rafael Aranda, Carme Pigem, Ramon Vilalta.

Le projet propose de réunir, dans le Palais Ducal et le bâtiment Morey, le parcours historique et le parcours thématique «La vie artistique et intellectuelle», réalisé en seconde phase. Cette proximité est rendue possible par la cohérence et le parallélisme des intitulés du programme. Les œuvres majeures du parcours thématique pourront ainsi rester visibles par le public en fin de première phase dans les salles existantes (par exemple les sculptures du moyen âge dans la salle du rez-de-chaussée et les peintures de Georges de la Tour à l’étage). Les travaux de rénovation des salles thématiques seront minimisés lors de la phase suivante, sachant que les infrastructures principales seront réalisées en première phase. Les surfaces globales du parcours historique et des parcours thématiques sont conformes au programme général. Seuls des ajustements sont fait en tenant compte de la dimension des espaces existants.

UN NOUVEAU LIEU LISIBLE, UNIFIANT LES DEUX VILLES DANS UN PROJET DE PAYSAGE.

Le projet ne comporte pas seulement une dimension muséale et patrimoniale, il engage des enjeux à l’échelle urbaine. Il participe à dynamique globale élargissant la question au devenir du centre ville. Les enjeux sont à la fois culturels mais aussi touristiques et économiques. L’agrandissement du Musée Lorrain est l’occasion de réunir le Palais Ducal à l’axe majeur tracé par Stanislas, à l’articulation entre les deux villes. La situation actuelle donne l’impression que le Palais Ducal tourne le dos à la grande structure urbaine du XVIII° siècle, tandis que l’ambition du projet que nous présentons est de déplacer le centre de gravité de la composition. Le lien entre les deux villes est renforcé en utilisant essentiellement les moyens du paysage. Le Musée Lorrain sera un Musée-Promenade dont le cœur est un jardin. Cet élargissement du cadre de la visite donne à l’ensemble du parcours une ampleur inattendue.

L’entrée actuelle sur la Grande Rue, si elle peut fonctionner en phase transitoire, afin que le Musée Lorrain reste ouvert au public pendant les travaux, n’est plus à l’échelle du projet global. L’accès du Musée bascule vers le Jardin dès que l’on considère le nouveau rapport créé par l’ouverture du Palais du Gouvernement dans l’axe de la Place Carrière et de la Place Stanislas. Il est nécessaire d’imaginer un espace d’entrée capable de simplifier le parcours entre les bâtiments et d’articuler trois espaces de caractère différent : la Pépinière, le Jardin du Palais du Gouvernement, et la cour du Palais Ducal qui peuvent être reliés sans qu’ils perdent leur identité. La limite entre le jardin et la cour du Palais devient le lieu de cette nouvelle entrée, elle est au croisement des parcours, à l’articulation des axes qui traversent le site. Cet accès est à l’échelle du site global et trouve son équilibre entre la clarté de sa présence et la discrétion de son langage formel.

Le projet s’appuie sur la présence de la colonnade dessinée par l’ingénieur Baligand. Le projet met en valeur la présence de cette limite, clairement lisible dans le plan de Belprey de 1754. Il souligne la figure tracée par les limites du Palais inachevé imaginé par Germain Boffrand, en respectant son rythme et sa clarté géométrique. C’est l’ouverture du Palais du Gouvernement qui soulève la question de la juste manière de finir une composition qui, depuis la Place Stanislas, prend son origine dans la fresque qui accompagne l’escalier de l’Hôtel de Ville pour se terminer à l’opposé dans ce jardin.

Derrière la colonnade de pierre se trouve la faille de lumière qui accompagne l’accès au Musée. Le volume de verre qui marque l’entrée est bordé par les colonnes de pierre qui sont conservées ainsi que le mur de fondation. Les lames de verre de la galerie servent de raidisseur donnant une grande finesse aux éléments de structure. La recherche d’une fluidité des surfaces de verre fait partie d’un objectif d’effacement de la notion de « bâtiment » au profit d’une ambiguïté entre matérialité et immatérialité. Les colonnes de pierre, dégagées du mur actuel, sont en premier plan, face au parc. L’écart entre les colonnes de pierre et la galerie est suffisant pour qu’elles puissent retrouver une présence autonome. Ne comportant d’autre élément de programme que l’entrée du Musée, la dimension de la galerie est libre et sa transparence est totale.

La proposition donne au Jardin une importance majeure vis-à-vis de l’enjeu urbain du projet. Il est à la croisée des cheminements qui relient la Vielle Ville et la Ville Neuve. Le site et les édifices qui le compose sont déjà une partie du parcours muséal. L’ensemble est traité comme un « Musée-Promenade » dont le Jardin serait la première salle en accès libre. Ce Jardin comporte une part importante de la médiation, retraçant l’histoire d’un lieu important dans l’histoire de la Lorraine par sa richesse et sa complexité. Une partie de la médiation portera sur la présentation aux visiteurs des constructions antérieures et des projets inachevés. Le Jardin et la Cour du Musée sont aussi des lieux vivants et des buts de promenade par la présence de la cafétéria, située en accès libre dans l’aile sud du bâtiment Morey. La suite du parcours se fait à partir d’une entrée conçue comme une Galerie de cristal conduisant à un niveau inférieur où sont réunis les services complémentaires à l’activité d’un grand Musée moderne : boutique, auditorium, espaces d’expositions temporaires. L’accès à cet ensemble est indépendant des heures d’ouverture du Musée et peut fonctionner en nocturne. La Galerie n’est pas un bâtiment, elle participe de la composition du jardin, elle est un élément d’une composition globale.

L’organisation des collections est basée sur la concordance existant, dans le programme muséographique, entre le parcours historique et le parcours thématique «la vie artistique et intellectuelle». Le parallèle entre ces collections laisse aux visiteurs, à terme, le choix entre une visite indépendante des deux parties ou une visite en continu de l’ensemble. Il est possible ainsi de proposer un parcours vertical (parcours historique ou thématique) ou un parcours à la fois vertical et horizontal (parcours historique+thématique) en continuité. À la fin de la première phase, les salles correspondant au parcours thématique pourront être conservées dans l’état actuel dans l’attente des phases suivantes ou être rénovées à peu de frais. La partie neuve, construite en phase initiale, comprend l’entrée et les espaces d’accueil, les locaux pédagogiques, l’auditorium et les salles expositions temporaires ainsi que la logistique qui est attachée au circuit des œuvres et des visiteurs. Le sous-sol archéologique, le bâtiment Morey et le Palais Ducal reçoivent l’ensemble du parcours historique et la cafétéria. Les locaux de la Société d’Histoire de la Lorraine et du Musée Lorrain sont maintenus sur place, en première phase, avant leur transfert en deuxième tranche dans le Palais du Gouvernement. L’administration du Musée est maintenue en première phase dans le bâtiment de la Petite Carrière, puis rénovées dans la phase suivante. Dès la première phase, les liaisons de l’administration avec les espaces du Musée sont améliorées par la création d’un escalier et d’un ascenseur permettant un accès direct à l’accueil. Le schéma directeur global se conclu en réunissant les trois derniers parcours thématiques dans l’Église et le Couvent des Cordeliers à raison d’un thème par niveau. Une grande salle est aménagée sous la cour actuelle du Couvent pour agrandir les espaces existants et accueillir le thème «Les hommes et leur travail». Le Cloître et l’Église, reçoivent le parcours thématique «la vie religieuse et spirituelle en Lorraine». Le premier étage comprend «les hommes et le territoire : la vie quotidienne». Cette disposition par niveaux successifs permet une visite des trois thèmes dans un parcours continu. L’utilisation du niveau inférieur ouvre la possibilité d’un scénario optionnel de liaison directe avec l’accueil, suivant le choix du maître d’ouvrage concernant cette option, l’entrée actuelle indépendante pourra être maintenue.

L’ENTRÉE DU MUSÉE

La situation de l’entrée du Musée trouve sa position naturelle dans le site à la croisée entre l’axe de la Porterie du Palais Ducal et la terrasse du Palais du Gouvernement. Sa dimension est libre, elle ne reçoit aucun des éléments du programme afin de préserver sa transparence et son caractère de fabrique de jardin. Elle permet la mise en valeur du mur de l’ingénieur Baligand.

L’ACCUEIL DU PUBLIC

Le hall d’accueil est un espace de distribution aux fonctions clairement établies. Le visiteur découvre l’ensemble des services de manière aisé, par leur distribution spatiale autour de la Nef : billetterie, vestiaires, services, boutique, expositions temporaires, ateliers pédagogiques. La billetterie est centrale pour permettre la plus grande visibilité possible. Elle permet également au personnel de pouvoir contrôler l’ensemble de la galerie d’entrée. La banque est adaptée à l’accueil d’handicapés. Une ambiance de lumière naturelle éclaire le niveau. Le commencement de la visite est aisément repérable par la présence des traces archéologiques qui caractérisent fortement le début du parcours historique. La scénographie de ces vestiges oriente le visiteur. En accès libre, elle s’ouvre face au point de rencontre général. La boutique du Musée est à proximité de l’accueil, face à l’entrée et la sortie de la visite, son accessibilité est directe. La boutique est conçue pour présenter les différents produits avec la plus grande visibilité (livres, catalogues, affiches, objets). Des vitrines mettront en valeur les objets, produits dérivés et reproduction d’œuvres).

LA SALLE D’EXPOSITION TEMPORAIRE

La salle d’exposition temporaire est conçue comme un volume vierge, une machine à exposer. Ses dimensions et ses proportions permettent d’organiser une grande variété d’expositions. Sa forme rectangulaire permet un parcours en boucle mais aussi des dispositions plus variées. Le positionnement des accès et sorties de secours a été étudié pour permettre des variations de jauge ou un découpage en plusieurs salles pour des évènements particuliers. La hauteur de la salle permet l’installation d’œuvres de grande dimension, mais permet aussi un éclairage d’expositions sans avoir recours à des dispositifs d’éclairages onéreux ou grands consommateurs. Cette salle est modulaire, assurant au musée la capacité d’accueil d’expositions aux normes internationales de conservation, de sûreté et de production.  L’éclairement naturel de la salle n’a pas été privilégié. Seul un élément singulier marque l’entrée de la salle en ouvrant une vue en diagonale vers la Tour de l’Horloge. Cette ouverture en toiture émerge dans le jardin comme une sculpture, elle permet de donner au visiteur un point de repère visuel et donne le sentiment d’être relié dès le niveau bas au Palais Ducal.

LES ESPACES PÉDAGOGIQUES ET L’AUDITORIUM

Les espaces pédagogiques sont en accès direct à proximité de l’entrée. Ils sont largement éclairés par des verrières zénithales qui donnent une vue sur les arbres. Les espaces pédagogiques sont en liaison aisée avec tous les parcours du Musée : salle d’expositions temporaires, parcours historique et parcours thématiques et auditorium. L’auditorium est axé sur le bâtiment Morey face au début du parcours. La présence du mur de fondation de la colonnade lui offre un fond de scène idéal et légitime sa position dans le site. Un puits de lumière occultable au droit du mur de scène permet introduire au besoin la lumière naturelle.

LE CAFÉ DU MUSÉE

Nous avons accordé beaucoup d’importance à la qualité conviviale du site dans son ensemble et du jardin en particulier. Le jardin et la Cour du Palais Ducal réintègrent le système des promenades publiques du centre ville.  Situé dans un angle privilégié pour son ensoleillement et son accessibilité, le café occupe l’aile sud du rez-de-chaussée du pavillon Morey. Il est ouvert de plain-pied sur le jardin et la cour du musée. La terrasse de cette cafétéria est conçue comme un jardin de buis qui se prolonge vers les arcades du Palais Ducal. Le contrôle des billets entre le parcours historique et le premier parcours thématique se fait au niveau de l’entrée actuelle, laissant la cafétéria et la terrasse extérieure en accès libre.

RÉVÉLER LES VESTIGES ARCHÉOLOGIQUES

Le projet veut révéler au public des aspects inconnus du site, qui pourraient devenir des moments forts du parcours et créer un attrait supplémentaire lors de la visite des collections. Les lieux que nous souhaitons mettre en valeur portent la marque des transformations et des péripéties de l’évolution du site. Notre proposition est une approche qui permettra la mise en valeur les découvertes archéologiques sans remettre en cause le projet de départ.

Les murs existants probablement en sous-sol pourront être restaurés en accompagnement de certains espaces comme la salle de conférence dont ils pourraient former le fond de scène. Dans le secteur, où la position des murs est incertaine, en attente des fouilles archéologiques, il sera possible de mettre en valeur ces vestiges comme une introduction au parcours historique dans une stratégie qui soit capable d’absorber le résultat des fouilles sans remettre en cause l’économie du projet.

RÉVÉLER LES VESTIGES DU PALAIS DU DUC RENÉ II

Nous avons voulu laisser une place ouverte aux importants fragments archéologiques qui pourraient se trouver en sous-sol. Il est probable que les jardins du Musée Lorrain comportent des fragments de fondations ou de caves d’édifices anciens de diverses époques. Ce qui n’est pas certain c’est leur position et leur profondeur. Nous avons basé notre approche sur l’analyse des plans anciens et sur le plan de synthèse établi par Prospère Morey. Ces relevés sont des hypothèses, mais ils donnent une première idée de l’importance des structures enfouies.

Nous proposons de commencer le parcours historique plutôt sous la forme d’un accès libre en utilisant les vestiges archéologiques comme fond de scénographie et en d’intégrant des vitrines dans les maçonneries existantes ou dans les cavités des reprises en sous-œuvre. Le début du parcours serait une promenade faiblement inclinée, à travers les vestiges retraçant l’histoire de la Lorraine depuis la préhistoire jusqu’à la fondation du Duché. Après une première vitrine évoquant un cabinet d’historien, le cheminement suit un parcours sinueux conçu comme une succession de rampes à 4% qui permet de s’élever en douceur vers le niveau bas du bâtiment Morey. Cette première partie serait accompagnée de la présence de rayons de lumière plus rares, pris dans le dallage du jardin, éclairant doucement les collections archéologiques, allant de l’Âge de la Pierre à l’Âge du Fer. Ainsi, le visiteur est accompagné dans son parcours par des modulations de la lumière naturelle, qui éclaire ponctuellement les vestiges des murs.

Une seconde série de rampes permettra l’évocation de l’évolution de l’espace Lorrain dans la période de l’Empire romain jusqu’au royaume de Lothaire, le «Trésor de Pierreville» en étant le point d’orgue. La fin du parcours mettra en scène la transition entre l’Empire romain et le Royaume d’Austrasie. Pour accompagner cette séquence, des vitrines contenant les monnaies, le «Trésor de Saint Gauzelin» et des bornes multimédia seront enchâssées dans les murs. La dernière salle se trouve à nouveau baigné de la lumière provenant de l’ouverture vers le rez-de-chaussée, dans l’axe de l’entrée actuelle. Cette salle est haute sous plafond, elle termine cette première séquence du parcours et le niveau bas est un premier salon «Carrefour du Patrimoine». Au delà de la mise en valeur des vestiges archéologiques, le projet global de réaménagement du Musée Lorrain propose de révéler et de souligner la présence des strates historiques qui ont marqués les bâtiments du Musée au cours des siècles. Le projet est l’occasion de rendre lisible l’histoire de la lorraine à travers la stratigraphie des édifices qui se superposent et s’imbriquent dans cet endroit unique. Le parcours du visiteur sera ainsi accompagné par la présence des bâtiments et des espaces intérieurs qui jalonnent la visite. Un écho est recherché au plus près entre l’histoire des bâtiments et celle des collections. La traversée de l’histoire suit au plus près la traversée des espaces. Cette visite se fait dans un parcours fluide et continu, le parcours est jalonné d’espaces de repos qui permettent de prendre son temps.

LE NIVEAU ARCHÉOLOGIQUE

Le début de la visite se fait dans l’atmosphère particulière des découvertes archéologiques attendue dans le niveau bas. La muséographie tiendra compte d’un dialogue avec les ruines dans un parcours-promenade le long d’une rampe à pente douce. Les vitrines sont enchâssées dans les murs pour éviter les meubles indépendants. Cette première séquence du parcours sera spectaculaire, accompagnée d’une lumière zénithale soulignant la présence des murs de fondation. L’accès au rez-de-chaussée se fait au contraire dans la lumière en utilisant l’escalier somme une galerie de portraits. Les premières salles du rez-de-chaussée sont consacrées à la bataille de Nancy. La galerie le long des arcades fait partie du parcours thématique mais peut être ouverte au public dès la première phase pour présenter les collections de sculpture du moyen-âge.

LA TOUR DE L’HORLOGE

La Tour de l’Horloge sera une double découverte pour le visiteur en premier lieu du fait à l’intégration de l’escalier monumental dans le parcours du visiteur grâce à un discret vitrage de la première arcade de la Galerie du rez-de-chaussée et d’autre part en ouvrant au public la salle supérieur qui servit un temps de bibliothèque au premier musée.

LA GALERIE DES CERFS

Moment essentiel du parcours historique, la Galerie des Cerfs sera l’événement phare de la réouverture du Musée. Le caractère d’origine est restauré dans sa dimension palatiale. La première partie de la Galerie, sous la mezzanine, présente le lit d’apparat et l’atmosphère du Palais à l’époque du Duc Antoine, accompagnée d’une médiation audio-visuelle. Une maquette de la salle elle-même reconstitue, en situation, les décors de la Galerie des Cerfs en se basant sur les documents du Musée de l’Ermitage. La maquette sera en bois, sans la toiture et la voûte, reproduisant sur les faces intérieures les hypothèses de restitution des décors qu’Hugues de La Faye réalise de 1524 à 1529, ainsi qu’une évocation de leur restauration en 1602 par Jacques Bellange.

Le mur ouest de la Galerie reçoit sur toute la longueur la collection des tapisseries dont les cinq tapisseries de «la Condamnation de Banquet» récemment restaurées. Pour répondre au rythme des fenêtres, les huit tapisseries des collections du musée occupent le mur Ouest de la Galerie. La présence de ces tapisseries participe au retour à la dimension de Galerie d’apparat de la salle. Les fenêtres de la Galerie des Cerfs sont préservées et le décor du XIX° siècle est restauré, une couleur d’un bleu lilas soutenu unifie l’ensemble de ces décors en concordance avec la couleur des ébrasements. La voûte reste blanche et la corniche est reprise pour intégrer la ventilation et un éclairage indirect. L’éclairement artificiel des gorges lumineuses diffuse une lumière indirecte adoucie. Le profil des gorges lumineuses incorpore un rail électrique permettant une accentuation ponctuelle de certaines œuvres. La lumière naturelle est maintenue, mais les vitraux de verre blanc seront recouverts d’une grisaille afin d’atténuer l’intensité lumineuse provenant de l’extérieur. Au centre de la salle, une table vitrine présente le «Trésor de Pouilly» en écho aux tapisseries de «la Condamnation de Banquet». Les objets du trésor sont en situation dans une présentation aérée sur une table vitrée au centre de la salle. Au «Trésor de Pouilly» succèdent le retable et les deux Globes, présentés sous vitrine. La fin du parcours se termine par la personnalité de Charles III et de son œuvre urbaine à travers la présentation de la grande maquette en bois de la Ville Neuve, accompagnée la reconstitution virtuelle des fortifications et d’une évocation de Hieronimo Citoni, ingénieur «fortificateur»  de la ville. Le plan de Nancy en 1611 de Claude de La Ruelle et Friedrich Brentel et le film sur les fortifications, sont mis en parallèle de la maquette. Un éclairement régulier de la maquette est mis en place depuis la voûte. Le film sera complété d’indications sur la situation des principaux édifices afin que le public puisse resituer plus aisément les différents points de vues.

MISE EN VALEUR DES CHARPENTES EN FER D’ÉMILE BOESWILLWALD

L’incendie de 1871 fait aujourd’hui partie de l’histoire du site. La rénovation, engagée à la suite, a fait appel à des techniques, extrêmement innovantes pour l’époque, mises au point par l’architecte Émile Boeswillwald. La reconstruction de la charpente est dans la lignée de la promotion de l’utilisation du fer dans l’architecture et la restauration des monuments historiques par Eugène Emmanuel Viollet-le-Duc. Cette utilisation peut être mise en parallèle avec l’utilisation du fer qui sera faite plus tard par les architectes de l’École de Nancy comme Georges Biet ou Henri Gutton. Une mezzanine est crée à l’entrée de la Galerie des Cerfs permettant de voir la charpente dans sa profondeur et une médiation spécifique avec la reconstitution de la structure de la charpente sous la forme d’une maquette.

L’architecte Émile Boeswilwald, élève de Labrouste et successeur de Prosper Mérimé comme Inspecteur Général des Monuments Historiques est chargé de la restauration du Palais Ducal de 1850 à 1862, puis de la reconstruction après l’incendie de la nuit du 16 au 17 juillet 1871. Il utilise pour restaurer la charpente, une technique innovante de fers plats boulonnés, reliés par des liteaux métalliques se substituant aux traditionnels liteaux de bois. Cette technique est utilisée aussi bien pour la Galerie des Cerfs que pour la flèche de la Tour de l’Horloge. Ces deux espaces spectaculaires sont actuellement invisibles. Le projet est l’occasion de rendre cette partie de l’histoire du bâtiment accessible au regard du visiteur et d’accompagner le parcours historique de la révélation de cette période de l’édifice datant du XIX° siècle.

Au débouché de l’escalier de la Tour de l’Horloge au premier étage, la voûte de la Galerie des Cerfs est ouverte pour révéler l’ensemble du volume. Le premier niveau est prolongé du côté de la Galerie des Cerfs par une mezzanine du parcours historique. Ce belvédère permet de contempler à la fois la perspective sur la Galerie de Cerfs et la vue en profondeur de la charpente de fer. Soigneusement mise en lumière, la charpente est séparée de la Galerie des Cerfs par un vitrage isolant. La voûte cintrée est également isolée thermiquement et doublée pour masquer le passage des gaines de ventilation. Les centrales d’air sont regroupées dans les trois premières travées pour constituer un local technique facilement accessible pour l’entretien depuis la Petite Carrière.

LA GUERRE DE TRENTE ANS

En sortant de la Galerie des Cerfs, la visite se poursuit par l’évocation de la guerre de trente ans où sont présentées les gravures de Jacques Callot «les Misères de la Guerre» puis, dans la première salle du bâtiment Morey, le grand portrait de madame de Saint-Baslemont et la collection d’armes. Une partie de la médiation sera faite sous la forme de projection de gravures comme mur d’images vers l’intérieur de la salle.

La grande salle qui longe la Grand-Rue retrace la période qui va de Léopold à François III et la salle centrale est consacrée à Stanislas. A l’angle de la rue Jacquot, la grande fenêtre dessinée par Prosper Morey est dégagée pour permettre la vue vers l’Église des Cordelier et la Vieille-Ville. Cette fenêtre éclaire un salon de médiation présentant un plan relief en bois figurant la ville à la fin du règne de Stanislas. Cette maquette est le pendant du Nancy de Charles III, visible à l’autre extrémité, dans la Galerie des Cerfs. Elle est éclairée de façon uniforme par des luminaires encastrés dans le plafond.

LA PHARMACIE DE STANISLAS ET LA SALLE D’ART DÉCORATIF

Le déplacement de la Pharmacie de Stanislas permet l’installation de la cafétéria et l’ascenseur et surtout de réunir les collections de faïences dans un même ensemble et la disposer dans une suite historique cohérente au premier niveau, à proximité de la salle dédiée à Stanislas. La Pharmacie est ainsi intégrée au parcours et se relie d’un coté à la salle actuelle des faïences, verreries et terres cuites et de l’autre coté à la mise en scène des collections scientifiques de Stanislas. Les boiseries de la salle d’art décoratif du XVIII° sont conservées et complétées en plaçant l’entrée au centre de la salle et en déplaçant le poêle dans l’axe, sur l’autre face. Les vitrines anciennes seront conservées et restaurées.

Le parcours historique se poursuit au second niveau par l’évocation de la Lorraine de la révolution jusqu’à 1870. C’est à la suite que se trouve la mezzanine rappelant l’incendie de 1871 et la maquette de la charpente en fer. Sous l’escalier, un espace de médiation est consacré à l’utilisation du fer en architecture du XIX° siècle à l’École de Nancy. Le visiteur peut accéder ensuite à l’ancienne bibliothèque du musée où se trouve le salon d’un des parcours du patrimoine. Cette salle retrouve une atmosphère de bibliothèque en mettant à disposition des visiteurs des catalogues et des livres sur les collections. Le plafond actuel est retiré pour offrir une vision de la charpente de la flèche. Un vitrage isolant horizontal permet de voir toute la hauteur de la structure.

Un escalier nouveau permet de relier la mezzanine au dernier niveau pour achever le parcours historique par une évocation des conflits qui ébranlent la Lorraine de 1870 à la seconde Guerre Mondiale. Ce niveau est dans les combles du bâtiment Morey. Les plafonds sont retirés pour laisser apparaître la charpente en bois, sans pour autant l’éclairer. La charpente est laissée dans la pénombre. Elle est ouverte pour donner du volume aux salles. L’atmosphère du niveau est plus sombre et la muséographie est organisée par des vitrines entre les éléments de charpente. Une large part est laissée aux documents audiovisuels.

Le parcours historique se termine en retournant au niveau bas. Il nous est apparu judicieux de mutualiser dans une salle d’exposition temporaire modulable les deux fins de parcours (historique et thématique). Cette salle à l’avantage de pouvoir être perçue comme une véritable salle d’exposition indépendante et offrant les mêmes services que la grande salle. Le Musée pourra, ainsi dès la première phase, réaliser deux expositions temporaires simultanément.