nancy haut du lievre
LOGEMENTS VILLE HAUTE
Etude :
Réalisation : 2008
Surface :
Coût :
Maître d'ouvrage : OPHLM
Architectes : EMMANUELLE BEAUDOUIN, LAURENT BEAUDOUIN
Architectes assistants : SOPHIE BORÉ, AURÉLIE HUSSON, CHRISTOPHE THIERY

Les losgement conçus pour le site du Haut du Lièvre dans la ville haute de Nancy par l’atelier BeaudouinHusson s’ouvrent vers des jardins et des rues intérieures. Les terrasses sont orientés au Sud et les fenêtres des chambres sont principalement ouvertes vers l’Est et l’Ouest. Les entrées sont situées au Nord en privilégiant les accès privatifs directs et l’accessibilité aux handicapés. Ce principe permet d’éviter les vis-à-vis entre les pièces de séjour. L’ensemble est en gradin dans la pente du terrain pour assurer à tous les logements le meilleur éclairement possible, et pour minimiser les coûts. Les jardins sont tous privatifs de façon à assurer une meilleure appropriation des maisons, seuls les chemins d’accès sont communs. Un cheminement transversal accessible aux handicapés permet, depuis le parking commun, de rejoindre chaque maison par un cheminement court. Les passages piétons sont placés à l’écart des ouvertures des pièces de vie pour préserver l’intimité des logements. L’étagement des logements dans le terrain crée de claires séparations entre les parties communes et les parties privées pour éviter les conflits d’usage et donner une atmosphère de convivialité.

Au Sud, dans la partie basse du terrain, une légère surélévation du niveau des jardins, vis-à-vis de la voie publique, masque la vue des véhicules. Un muret bas assure la séparation claire de l’espace public par rapport aux jardins privatifs. Les logements sont tous traversants avec une orientation Sud donnée prioritairement aux pièces de vie : séjour et cuisine. Dans chaque maison individuelle, T4, T5, T6 une partie du séjour dispose d’une double hauteur qui offre une qualité supplémentaire à la volumétrie intérieure. Les chambres situées à l’étage ont une fenêtre donnant sur le vide du séjour permettant l’ouverture ou non de la chambre sur la double hauteur et l’accès aisé pour le nettoyage de la fenêtre haute du séjour. Dans les autres types, c’est l’escalier qui est ouvert en mezzanine offrant au séjour une lumière traversante.

Le projet propose d’installer un parking commun en partie haute avec deux sorties de proximité. Cette disposition laisse 25 % d’espace en pleine terre et assure la capacité d’absorption des eaux de pluie dans le terrain. Tous les jardins sont privatifs et la circulation des véhicules est réduite au minimum par un seul accès au parking commun et à un garage. Les jardins en pleine terre sont utilisés de façon privative par tous les logements situés à rez-de-chaussée. Des haies sont prévues à certains endroits et de grands arbres seront plantés. Des noues, situées entre deux maisons, permettent de drainer les eaux de pluie dans le sol perméable. Hormis les cheminements, tous les espaces extérieurs sont plantés y compris la dalle du parking située entre les maisons individuelles et les maisons collectives. Les structures du parking sont calculées pour permettre une épaisseur de terre végétale de 0,50 centimètres.

Le projet utilise la couleur en suivant la tradition moderne, illustrée par Bruno Taut, Mart Stam et Le Corbusier et plus récemment par Luis Barragan, Alvaro Siza et John Hejduk. La couleur qui semble être peu utilisée à Nancy en centre ville pour des raisons d’harmonie globale, est très présente dans les communes qui l’entourent, Villers, Laxou, Vandoeuvre-les-Nancy. Elle se voit justifiée, d’autant plus, dans un site où l’idée d’ensemble est d’habiter la nature. La couleur des maisons participe alors à cet objectif. Les couleurs sont choisies pour être vives et servir ainsi de toile de fond à la végétation. La terre d’ombre, le rose et le vert sont traités en surface et les changements de tons se situent dans les angles. Le rose et le vert ne sont jamais côte à côte. L’usage de la couleur dans l’agglomération est très présente dans l’architecture de la période art-déco illustrée par des architectes comme Mascret, Vallin ou Pierron. Les nombreuses rénovations récentes que nous présentons en témoignent. L’utilisation d’une peinture minérale posée sur un gobetis ciment à gros-grain permet d’assurer le bon vieillissement des façades. C’est cette technique économique qui a été employée dans les maisons des architectes de cette époque et elle fait preuve d’une remarquable qualité de tenue à la pollution et aux salissures. Par ailleurs, contrairement aux enduits monocouches, les enduits peints peuvent être repeints, sans être retirés, après un simple nettoyage. Grâce à l’utilisation des briques monomur, le gobetis ciment peut être utilisé sans difficulté avec une bonne qualité d’accrochage sur les briques. Nous proposons de retrouver les enduits peints réalisés à l’époque par ces architectes nancéiens en les traitant de façon plus contemporaine. Ils prennent l’apparence de gobetis dont la texture très marquée a l’avantage de prendre la lumière tout en atténuant les défauts éventuels. N’ayant pas à produire des surfaces lisses, les traitements des façades ne nécessitent pas une technicité et une finition rigoureuses, et sont de ce fait économiques. Les enduits sont réalisés en deux passes et sont finis par une peinture minérale sans solvant utilisant des pigments naturels dont la stabilité à la lumière est garantie sur 20 ans. L’utilisation de peinture minérale est écologique et permet une parfaite densité de couleur. Ces couleurs fortes et les textures « rustiques » ont pour objectif de s’accorder avec un vieillissement où la patine ne dégrade pas l’aspect des maisons. Les exemples présentés ici nous montrent des édifices qui restent de bonne apparence sans qu’ils aient été particulièrement entretenus.

Le projet de l’atelier Beaudouin propose une implantation précise dans la pente du terrain pour minimiser les évacuations de terre en équilibrant le plus possible les déblais et remblais. Les bâtiments s’adaptent à la pente en fonction de leur hauteur pour s’ouvrir à la lumière. Le parking est situé en partie haute du site. Il est partiellement enterré pour assurer une ventilation naturelle en diagonale avec une prise d’air principale dans la porte d’entrée et un rejet en façade Nord.  Les logements sont disposés de telle sorte que le parking ne soit pas visible, la face Sud comportant une série de T1 de plain-pied avec le jardin. L’adaptation à la topographie permet, par ailleurs, de protéger les jardins et les logements des regards et du trafic routier. L’implantation dans le site et le travail sur la volumétrie permet de réaliser d’importantes économies dans les terrassements et les fondations. Il est en particulier possible d’échapper aux surcoûts de fondations spéciales dans l’ensemble du projet. Le parking est dimensionné au mieux pour minimiser également son coût tout en assurant une proximité pour l’ensemble des logements.