MONTREUIL
ILOT 104
Etude : 1992
Réalisation : 1992/2008
Surface :
Coût :
Maître d'ouvrage : VILLE DE MONTREUIL
Architectes : EMMANUELLE ET LAURENT BEAUDOUIN
Architectes assistants : BÉATRICE LAVILLE, ALINA STOICA, ANDREA TEXEIRA, AURELIE HUSSON, GIORGIA ANDREOLI

Le projet des 66 logements de l’îlot 104 rue Victor Hugo à Montreuil fait partie de l’étude coeur de ville menée avec Alvaro Siza par Emmanuelle Beaudouin et Laurent Beaudouin. La ville de Montreuil est en bordure de Paris et s’étend vers l’Est depuis la plaine jusqu’aux coteaux qui entourent la partie la plus ancienne. Le territoire de la ville  de Montreuil s’installe dans un paysage tramé de murs en pierre qui suivent la topographie et dessinent des lignes régulières. Les nombreux vestiges qui restent visibles aujourd’hui reflètent l’organisation de la production de fruits aux XVII° et XVIII° siècles par un principe de murs épais construits sommairement avec des pierres extraites des carrières de chaux. Ces constructions captent la chaleur et la restituent la nuit pour permettre la culture d’arbres fruitiers cultivés en espalier. Le paysage de Montreuil a gardé dans sa structure les traces de ce passé fondateur. Ces murs appelés « murs à pêches » restent présents aujourd’hui dans le centre ville, malgré la disparition de la culture des fruits, ils sont dans les jardins, entre les maisons, ils se retrouvent par fragments dans les cœurs d’îlots. La ville s’est construite de façon naturelle entre ces murs, l’artisanat et l’industrie s’y est installé sans en perturber la trame tout au long du XIX°siècle. La trame qu’ils forment est intimement liée à la topographie et à l’ensoleillement. Les lignes des murs à pêches mettent en scène les mouvements du terrain, elles forment un paysage architecturé.

Ce paysage très caractéristique a été fortement remis en cause entre les années 70 et 80 par des opérations urbaines d’envergure où la trame lamellaire des parcelles était remplacée par des édifices de grande dimension modifiant brusquement le paysage urbain. La construction de 66 logements rue Victor Hugo, inséré dans un îlot existant fait partie du plan redessinant l’ensemble du centre ville. Le plan de masse porte sur la totalité de l’îlot (Ilot 104) et différents architectes sont intervenus pour sa réalisation.

Les 66 logements concernés ici s’inscrivent dans un îlot où le tissu urbain est formé d’un côté de petites maisons et de l’autre côté de grands immeubles d’habitation. Construits dans les années 80 en bordure de voie, leur logique était d’entourer la totalité de l’îlot en effaçant les traces existantes. Le plan a mis en valeur les capacités de ce tissu urbain à se régénérer en utilisant au mieux l’espace libre à l’intérieur du site et en préservant les maisons dont il était envisagé la démolition. Les façades  s’ouvrent d’un côté sur un grand parc public et de l’autre sur un jardin privatif intérieur. Le parc public comporte encore des fragments de « murs à pèches » et certaines parties du projet réinterprètent la présence de ces éléments. Une grande partie de la typologie des logements situés en équerre le long du parc est constituée de duplex superposés. Les duplex bas s’ouvrent sur des jardins privatifs et les duplex hauts ont accès à de grandes terrasses privatives. Sur la rue, un des bâtiment se raccorde à une maison ancienne dont le pignon fait face à la rue. Les bâtiments utilisent une mixité de briques et d’enduit blanc évoquant le langage existant dans le quartier et l’histoire industrielle du site.

The block plan concerns all the housing blocks, (104 housing blocks) and different architects have contributed to do it. The 66 housing blocks are situated within a social structure made of little houses on one side and huge blocks of flats on the other built in the 80s beside a road which was supposed to surround the entire housing block. The plan highlights the capacity of the urban fabric to renew itself by using most effectively the free space inside the site and by preserving the houses which were meant for demolition. The facades open on one side onto a big public garden and on the other on a private back garden. The public garden and other public spaces still have fragments of “peach walls” and certain parts of the project reinterpret the presence of these elements. A big part of the type of housing situated at right angles along the park is made up two-storied duplexes. The duplexes on the ground floor opens onto private gardens and the duplexes on the fist floor open onto private terraces. On the road one of the buildings is connected to an old house. Its gable faces the road.